LES TANNERIES

 BACK AND FORTH


2019   02.02 - 17.03

exposition personnelle,
commissariat Eric Degoutte

« J’ai commencé par des peintures de paysages, et, petit à petit, plus ça avançait, plus ce qui a été important dans mes paysages ce n’étaient plus les détails, la représentation, mais vraiment la séparation de deux espaces, l’espace du ciel, qui était un espace que je représentais très souvent très vide, et un espace plutôt terrestre que je représentais souvent très plein. »


En pénétrant dans la Petite galerie, le jeu de grandes formes géométriques noires qui caractérise le travail de l’artiste se perçoit immédiatement. Une première impression laisse supposer à un travail en aplats, mais peu à peu une forme de vibrance des surfaces détrompe l’oeil et l’oblige à se réajuster: l’oeuvre de Mathieu Bonardet relève essentiellement d’un travail de tracés.

En gestes simples répétés des centaines voire des milliers de fois, l’artiste recouvre ses supports à la mine graphite. Le bras se tend pour tracer ses lignes, parfois prolongé par le va et vient du corps entier. Le travail de Mathieu Bonardet contient une dimension performative forte, et relie étroitement les possibilités du tracé à celles de son propre corps. Ainsi la taille de certains panneaux se trouve-t-elle directement mesurée à l’amplitude de son bras, ou encore les pas de l’artiste permettent l’apparition des formes... le dessin relève d’une exploration, d’un arpentage de l’espace disponible.

Mathieu Bonardet planifie soigneusement l’exécution de ses dessins, qu’il réalise soit dans une forme de brièveté, soit au contraire pendant des heures, jusqu’à l’épuisement. A force de passages de la pointe, le papier se mâtine, une forme de surcharge se perçoit dans l’accumulation de matière. Suivant les crayons utilisés, les traits relèvent parfois d’un effleurement léger créant un effet vibratoire autour d’une ligne horizontale; parfois, la saturation grasse et noire finit par créer une luisance, avalant ou renvoya nt la lumière selon le déplacement du corps.

En appréciant les vides et les pleins des tableaux, le jeu des plans et des lignes, les effets de saturation ou au contraire d’absence totale de passage du trait, on perçoit un travail de composition jouant des contrastes et des oppositions entre des espaces. Coupés par les tracés, les plans et les surfaces se côtoient sans se rejoindre, immanquablement séparés par une ligne — un horizon —, un enfoncement, une rupture séquencée du rythme de la forme.

Au sein de cette saison marquée par l’analyse des conditions dans lesquelles les formes se donnent à voir, c’est à travers la manifestation du rythme, de l’oscillation et du mouvement que le travail de Mathieu Bonardet propose une autre appréciation du geste.




Les Tanneries, 234 rue des Ponts 45200 Amilly
www.lestanneries.fr